Jeanne en est à sa deuxième année de résidence. Depuis quelques semaines, elle éprouve de la difficulté à dormir. Souvent, lorsqu’elle termine ses gardes à l’hôpital, il est très tard. Il lui est difficile de compléter à temps ses notes au dossier. De plus, en arrivant à la maison, elle est souvent tendue et a besoin de prendre un temps à elle pour se déposer avant de dormir. Lorsqu’elle réussit à se mettre au lit, ses pensées tourbillonnent dans sa tête et elle s’inquiète de ses interventions, ce qui lui fait douter de ses compétences.
Jeanne est particulièrement insécure depuis sa dernière évaluation où elle a obtenu un inférieur aux attentes. Son patron lui a alors reflété des points à améliorer. Depuis cette évaluation, elle cherche à répondre aux exigences et déploie toutes ses énergies, malgré la fatigue qui s’accumule. Elle a l’impression de ne pas être à la hauteur et remet en question ses capacités d’être un bon médecin. Cette situation lui génère une forte anxiété et une grande peur de ne pas réussir sa résidence. Elle pense aux conséquences qu’un échec pourrait avoir sur sa carrière et anticipe des scénarios catastrophiques. Elle se sent de moins en moins concentrée ce qui génère encore plus de stress, étant donné l’examen de certification qui approche à grands pas.
L’avis de l’expert
Il est tout à fait normal d’être confronté à un certain stress lorsque la réussite aux études nous tient à cœur. Cependant, lorsque le niveau de stress devient trop important et que l’on est plus vulnérable, celui-ci peut devenir envahissant et se traduire en anxiété de performance, c’est-à-dire en un état d’appréhension et de tensions causés par la peur de l’échec. Cet état génère souvent des impacts sur le plan des pensées, émotions et comportements, ce qui peut entrainer des difficultés de fonctionnement et donc des problèmes scolaires et professionnels.
Dans le cas de Jeanne, malgré le fait qu’elle n’ait jamais souffert d’anxiété auparavant, elle est aux prises actuellement avec le désir de performer. Dans les symptômes rapportés on remarque, une tension physique, des problèmes de sommeil, de l’insécurité et des doutes quant à ses compétences, une tendance involontaire à dramatiser les échecs potentiels et des problèmes de concentration. Tout ceci traduit une forte anxiété de performance entretenue par des croyances erronées à son égard.
Il est essentiel dans un premier temps de réfléchir aux causes de ses difficultés et aux déclencheurs qui ont précipités l’état anxieux. Dans le cas de Jeanne, nous pouvons remarquer que le résultat de son évaluation est un élément clé qui semble expliquer une partie de sa détresse.
Stratégies proposées
- Questionner ses propres croyances sur la réussite et sur l’échec. Est-ce que « l’échec » reflète la valeur personnelle ou professionnelle ou s’il s’agit simplement d’une façon d’apprendre et de s’ajuster? L’échec n’est pas une finalité mais une étape dans un processus.
- Prendre conscience que l’objectif de l’évaluation n’est pas de déterminer sa valeur en tant que futur médecin mais plutôt le résultat d’un apprentissage.
- Revenir sur l’hygiène du sommeil.
- Travailler sur les pensées négatives qui ne font que générer des doutes.
- Apprendre à mieux gérer son temps, notamment en lien avec la rédaction des notes au dossier.
- Utiliser la rétroaction du patron pour s’ajuster et intégrer des meilleures pratiques.
- Discuter avec le patron de sa situation et verbaliser son inquiétude.
- Se rappeler que la confiance en soi favorise la réussite.
- Prendre conscience de ses attentes personnelles et discuter avec des gens dans son entourage pour relativiser la situation. Se fixer des objectifs réalistes.